Prendre ses précautions avec les marchés Prendre ses précautions avec les marchés à terme
Appels de marge, dépôts de garantie, spéculation, débouclage... Les marchés à terme ne sont pas sans risque pour la santé financière de l'exploitation.
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Ce n'est pas pour rien que les banques françaises réclament un certificat de formation à l'ouverture d'un compte sur les marchés à terme (Matif). Car s'il permet de se prémunir des variations de prix (schéma 1), cet outil peut faire courir de nombreux autres risques.
• Financer les appels de marge
Les marchés à terme sont un jeu à somme nulle. Chaque lot vendu par un producteur a été acheté le même prix par une contrepartie qu'il ne connaît pas. A la fin de chaque séance quotidienne, la chambre de compensation des marchés à terme est chargée de collecter les pertes « latentes » (appels de marge) générées par la position des uns, pour créditer le compte des positions gagnantes (schéma 2).
Avant de s'engager, l'agriculteur prévoit par lui-même des capacités de financement de ses appels de marge ou définit une ligne de crédit avec sa banque. Régulièrement, le producteur a intérêt à veiller à ce que la ligne de crédit soit suffisante, au cas où les pertes latentes viendraient à augmenter.
Si l'agriculteur ne peut plus financer ses appels de marge, il doit racheter ses lots, pour stopper l'hémorragie. En 2007-2008, la multinationale Cargill aurait elle-même eu du mal à faire face à ses appels de marge.
• S'acquitter des dépôts de garantie
Pour chaque lot de 50 tonnes engagé, la chambre de compensation des marchés à terme exige un dépôt de garantie (encore appelé « deposit »). A la mi-avril, les dépôts étaient de 1.250 euros par lot pour le blé et de 1.900 euros pour le colza. Le montant des deposits est réévalué régulièrement en fonction de l'évolution des cours.
• Déboucler en toute sécurité
Le producteur sort des marchés à terme en revendant ses contrats (débouclage de la position). Les gains ou les pertes (différence entre le prix de vente et le prix de rachat des lots) sont alors définitivement crédités ou débités sur le compte de l'agriculteur.
Le producteur doit alors vendre sa marchandise « physique » le plus vite possible, pour prendre le moins de risque sur sa base. « A cause d'une erreur de timing, j'ai perdu 10.000 euros », témoigne un céréalier (schéma 3).
« Il ne faut jamais découpler la vente du physique du rachat des lots sur le Matif, sans quoi la stratégie de couverture mise en place (schéma 1) n'a plus lieu d'être », alerte Benoît Labouille, directeur d'Offre et Demande Agricole.
Pour mettre toutes les chances de son côté, mieux vaut choisir les échéances les plus « liquides », celles pour lesquelles il y a beaucoup de transactions. Il sera plus facile de trouver une contrepartie le jour du débouclage.
En blé, l'échéance « novembre » est à préférer à « août ». « Par précaution, nous conseillons aussi de déboucler les positions au plus tard deux à trois semaines avant la clôture de l'échéance », avise Sébastien Poncelet, conseiller à Agritel.
• Adopter une méthodologie
« Un agriculteur est tour à tour vendeur et acheteur sur les marchés à terme. Parfois on est tellement concentré sur le nombre de contrats et les échéances, avant de passer un ordre, qu'on en oublie s'il faut vendre ou acheter des lots », observe-t-il.
La mécanique des marchés à terme doit être bien maîtrisée et plusieurs points sont à vérifier avant de passer à l'action.
• Risque de spéculation
« Il ne faut pas quitter un risque pour en prendre un autre. Même si le marché à terme est un marché de papier, il faut veiller à toujours prendre une position inférieure ou égale aux quantités dont on pourra disposer réellement », met en garde le conseiller.
Autrement, pour certains lots, l'agriculteur peut se trouver en situation de « spéculation » (voir schéma 4). Avant la récolte, il est préférable de ne pas engager plus de 50 % du potentiel de production, et ce pourcentage diminue plus on engage tôt avant la moisson », ajoute Sébastien Poncelet.
• Utiliser les options
L'utilisation d'options permet de s'affranchir de tous les dangers annoncés précédemment. Le risque est alors cantonné au prix d'achat de l'option. L'achat d'un « call » couplé à la vente de la production ou l'achat d'un « put » permettent de se garantir un prix minimal de vente, sans se soucier du débouclage.
« C'est beaucoup plus confortable car, une fois l'option achetée, la seule chose dont on doit se préoccuper, c'est de fixer ses gains. Mais il faut conserver une vigilance sur l'évolution des cours, pour saisir les opportunités au bon moment », précise Sébastien Poncelet.
Les contrats indexés des coopératives
Les coopératives proposent couramment des contrats indexés sur les prix des marchés à terme. « L'agriculteur engage alors réellement sa marchandise auprès de la coopérative, avec toutes les conditions liées à une vente physique , mais il n'a pas d'appels de marge et ne doit pas se préoccuper du débouclage ou des dépôts de garantie », précise Anne-Sophie Dezemery, responsable de la formation et de la gestion du risque chez InVivo marché. Autre avantage, les agriculteurs peuvent parfois contracter des lots de 10 tonnes, au lieu de 50 tonnes sur le Matif. |
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